Rythmes d'automne - Alain Kirili sur le parvis de l'Hôtel de ville, Paris
Occupant peu ou prou le centre du
parvis de l'Hôtel de Ville, un espace de 600 m2 de gravier noir s'impose,
duquel jaillissent 90 éléments en ciment noir (gris). Voilà ainsi une
« somme de signes abstraits et mystérieux » : Rythmes
d'automne d'Alain Kirili.
La notion de géométrie n'apparaît pas
dans la présentation officielle de l’œuvre. A dire « abstrait » on ne
dit que peu de choses, on ne qualifie pas. On pourrait imaginer des formes
complètement aléatoires, sans principe directeur, ou selon une poussée de
nature différente, organique par exemple. Pourtant ici les signes
« abstraits » de cette sculpture sont indubitablement géométriques.
C'est l'évidence même pour l’œil amoureux de géométrie. Certes pas de rythme et
d'ordonnancement globaux mais chaque unité est composée de sous-unités
géométriques : cylindres ou plaques de diverses tailles, coupes et orientations,
offrant une multiplicité de variations.
De son propre aveu, Alain Kirili
établit une relation directe entre Rythmes d'automne et le tableau
éponyme de Jackson Pollock, par la spontanéité des deux démarches. Malgré la
géométrie qui m'a sautée aux yeux, la répartition des unités ne répond à aucune
grille pré-établie. L'artiste raconte avoir commandé les modules pour une
livraison sur le parvis de l'Hôtel de Ville, sans même savoir s'ils les
utiliseraient tous. Rythmes d'automne est ainsi le pendant sculptural du
dripping. Une génération spontanée non organique.
Mais vers quel but tend donc cette
génération spontanée ? Vers le haut, les cimes, le ciel. Alain Kirili
estime qu'il faut percevoir Rythmes d’Automne comme une « naissance
de la verticalité ». Sans doute faut-il y sentir les effets d'une entropie
initiée par la façade de l'Hôtel de Ville, monumentale.
Par ailleurs, le hasard fait que cette
spontanéité a tout de même généré un semblant de figuratif. Une personne qui
m'accompagnait, bel exemple de paréidolie, a vu dans Rythmes d'automne
une vue des toits parisiens, avec sa grisaille et ses cheminées réparties au
petit bonheur la chance.
Les
visiteurs sont libres de déambuler dans Rythmes d'automne, et de toucher
les boutures de béton. Ainsi Alain Kirili a-t-il cette jolie phrase :
« Si la sculpture est constamment rétinienne, on perd la notion de
l’incarnation dans l’art. » Cependant, il y a quelque chose d'immaculé
dans cette sculpture qui freine l'envie de la parcourir. De plus, le gravier
noir peut être interprété comme jouant le rôle de socle. Ou bien serait-ce les
séquelles d'un rapport trop dogmatique à l'art ?.. Rythmes et réflexions
d'automne.
Parvis
de l'Hôtel de Ville de Paris
Jusqu'au
28 novembre 2012
Commentaires
Billet à la hauteur (la verticalité, encore), et en plus j'apprends de nouveaux mots.
Simplement, Kirili, ça fait guili, et je ris.